« trop Anglais, monsieur, c’est-à-dire trop
franc, pour vous laisser ignorer que dès mon
arrivée en France je vous ai connu pour être
le seul adversaire qui pût s’opposer au bonheur
de ma vie. Milord Sidney m’a choisi
pour devenir l’époux de sa malheureuse nièce.
Je n’ignore point que vous corrompîtes l’enfance
de miss Charlotte : s’il le savait lui-même,
il ne destinerait sans doute ni moi ni
personne à pareil hymen. Mais, persuadé qu’à
l’âge que la trop crédule enfant avait alors,
on ne peut contracter une véritable tache,
je ne porterai point la honte et la douleur
dans le cœur d’un ami. Cependant l’homme
sans mœurs qui tâcha de déshonorer celle
dont je songe à faire mon épouse, ne peut
exister tandis qu’elle m’appartiendra… Maintenant,
monsieur, vous devez comprendre ce
que voulait dire notre première querelle. À
quand la seconde, qui sera sans faute la dernière,
attendu qu’après elle je n’aurai plus,
ou vous, d’ennemi ? »
Je fus moi-même si choquée de cet insolent cartel, que je ne voulus point dissuader mon neveu d’y répondre de la manière la plus dure ; il le fit dans ces termes :
« Sachez, monsieur, que celle que vous vous