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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/933

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MONROSE


La marquise, mariée, ne peut jamais appartenir à mon neveu : l’amitié qu’il a pour elle… — L’amitié ! l’amitié qui lui a fait omettre de me voir quand j’arrivais pour lui… L’amitié ! qui parce que ma rivale est malade, le rend malade à son tour ! »

Ce ne fut qu’au bout d’une heure qu’enfin je vins à bout de faire comprendre à la fougueuse miss combien notre héros l’aimait lui-même ; combien la conduite qu’il tenait à son égard était délicate depuis qu’il avait pu se flatter de réparer ses anciens torts. « Si, comme je l’espère, ajoutai-je, vous vous fixez parmi nous, vous apprendrez, miss, à connaître, sous sa seule forme louable, ce sentiment que je vous vois aujourd’hui défigurer, qui doit rendre heureux, et qui vous tourmente ; qui doit être confiant, tolérant, et qui vous rend injuste, cruelle ; qui sous-entend enfin, à la suite de ses fleurs, les fruits d’un attachement inaltérable, et qui, chez vous, semble produire le poison de l’inimitié. Voudriez-vous que depuis huit ans à peu près que Monrose, vous ayant perdue de vue, eût mis au croc sa sensibilité pour ne la retrouver que lorsqu’un hasard difficile à prévoir vous ramènerait à sa portée ! N’est-on pas tenté sans cesse ? N’a-t-on pas des moments d’oubli ? » À