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Page:Nerlinger - Billets d'automne, 1893.djvu/15

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badisse, comme on dit là-bas, toute couverte de vigne-vierge, de clématite, de capucines et de lierre. On s’asseyait sous un grand marronnier tout contre la grande porte d’entrée, où nous dansâmes bien joyeusement, un jour que passait un petit Savoyard avec son orgue de barbarie, dont nous tournâmes la manivelle à tour de rôle, pendant que son propriétaire nous regardait avec de grands yeux, tout en savourant religieusement un copieux dîner et en empochant les gros sous dont il fut gratifié à son départ.

Un rossignol chantait au loin, le vieux cheval à côté dans sa coquette écurie en briques rouges, couverte d’un toit aigu à lucarnes gracieuses, foulait sa litière avec un bruit lent et régulier ; les chiens de chasse et de garde tiraient sur leurs chaînes en étouffant parfois un bâillement plaintif. Toute la bande joyeuse, un moment impressionnée par la calme majesté du soir, se réveillait soudain et demandait à grands cris une histoire à Jean-Baptiste, investi des multiples fonctions de concierge, cocher,