Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/130

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Mon indignation ne peut plus se contraindre ;
Et, dans mon cœur surpris, la crainte, le courroux
Surmontent à la fin tout mon respect pour vous.


DRACONNET.

Qu’est-ce que c’est, monsieur ? Et qui peut faire naître
Le scrupule nouveau que vous faites connaître ?
Je croyais bien pourtant qu’il avait expiré
Sous les mets somptueux dont nous l’avions bourré :
Est-ce là, dites-moi, votre reconnaissance ?


TRUFFALDIN.

Je vous en dois beaucoup, je le sais ; mais la France
Aurait trop à souffrir du projet désastreux
Qu’ose Votre Grandeur exposer à nos yeux :
Ce n’est pas qu’en cela ma vertu considère
L’amour de la patrie, ou la peur de mal faire,
J’en ai su dès long-temps affranchir mon esprit ;
De tous ces préjugés l’homme sage se rit ;
Mais je frémis de voir que cette conjoncture
De nos petits péchés va combler la mesure,
Et que le dernier coup que vous osez porter,
Dans l’abîme avec vous va nous précipiter.


DRACONNET.

Où donc en est le mal ? Compagnons de fortune,