Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/51

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Pourtant à l’exilé la rigueur du destin
N’a point encor ravi l’aspect de la patrie,
Et souvent à ses yeux une rive chérie
Se dessine incertaine à l’horizon lointain.

Aussi, lorsque du soir descend l’heure rêveuse,
Il promène ses pas près des flots azurés,
Et sa pensée aventureuse
Voltige avec ardeur vers ces bords désirés.

Mais un jour que ses yeux, rayonnans d’espérance,
Avec plus de transport dirigés vers la France,
En cherchaient l’ombre vague au bout de l’horizon :
D’un sifflement lugubre environnant sa tête,
Une voix lui cria du ton de la tempête :
« Napoléon ! Napoléon ! »

Cette exclamation, pour tout autre effrayante,
A retenti trois fois : le héros étonné
L’entend ; et, de sa main brûlante,
Soulève en murmurant son front découronné.