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NOTRE-DAME DE PARIS

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor ;
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !


DANS LES BOIS

Au printemps l’Oiseau naît et chante :
N’avez-vous pas ouï sa Voix ?…
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l’Oiseau — dans les bois !

L’été, l’Oiseau cherche l’Oiselle ;
Il aime — et n’aime qu’une fois !
Qu’il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l’Oiseau — dans les bois !

Puis quand vient l’automne brumeuse,
Il se tait… avant les temps froids.
Hélas ! qu’elle doit être heureuse
La mort de l’Oiseau — dans les bois !


LE COUCHER DU SOLEIL

Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries
Et jette l’incendie aux vitres du château ;
Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d’eau
Tout plongé dans mes rêveries !