Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/175

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Je vous réponds bien vite pour que vous ne me croyiez pas mécontent ou découragé. Oh ! comme vous connaissez bien votre pouvoir sur moi ! Comme vous en usez et abusez sans pitié ! Moi, je ris à travers mes larmes, je ris par un suprême effort de courage, comme l’Indien qu’on brûle, comme le martyr qu’on tenaille ; je suis content de moi, je me trouve sublime et j’excite ma propre admiration.

Jamais je n’ai été si convaincu de cette vérité, que mon amour pour vous est ma religion. Les solitaires de la Thébaïde avaient comme moi des nuits affreuses ; ils se tordaient comme moi sous des désirs impitoyables et ils offraient leurs souffrances en holocaustes à l’Éternel ; mais c’étaient des gens qui vivaient d’eau et de racines ; c’étaient peut-être aussi des tempéraments paisibles et non de ces natures nerveuses, où la passion n’a pas moins de prise que la douleur. Oh ! vous êtes bien calme et bien tranquille, vous ! Vous me parlez de