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Page:Nerval - Aurélia, Lachenal & Ritter, 1985.djvu/189

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vous sacrifier par l’ivresse d’un pauvre cœur, où le bonheur revêtira peut-être des apparences moins séduisantes que le désir et l’inquiétude ?… Tout cela me reviendra-t-il comme au temps où mon amour, inconnu de vous, était pur et céleste ?…

Nous avons maintenant à nous garder d’une chose ; c’est de cet abattement qui succède à toute tension violente, à tout effort surhumain ; pour qui n’a qu’un désir modéré, la réussite est une suprême joie qui fait éclater toutes les facultés humaines. C’est un point lumineux dans l’existence qui ne tarde pas à pâlir et à s’éteindre… Mais pour des cœurs plus profondément épris, l’excès d’émotion mêle pour un instant tous les ressorts de la vie ; le trouble est grand, la confusion est profonde et la tête se courbe en frémissant, comme sous le souffle de Dieu. Hélas ! que sommes-nous, pauvres créatures, et comment répondre dignement à la puissance que le ciel a mise en nous ! Je ne suis qu’un homme et vous une femme, et l’amour qui est entre nous…

— Ne dérangez personne de chez vous par le temps qu’il fait…