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CHAPITRE III

La flamme a dévoré ces reliques d’amour et de mort, qui se renouaient aux fibres les plus douloureuses de mon cœur. Je suis allé promener mes peines et mes remords tardifs dans la campagne, cherchant dans la marche et dans la fatigue, l’engourdissement de la pensée, la certitude peut-être pour la nuit suivante d’un sommeil moins funeste. Avec cette idée que je m’étais faite du rêve comme ouvrant à l’homme une communication avec le monde des esprits, j’espérais… j’espérais encore ! Peut-être Dieu se contenterait-il de ce sacrifice. — Ici, je m’arrête ; il y a trop d’orgueil à prétendre que l’état d’esprit où j’étais fût causé seulement par un souvenir d’amour. Disons plutôt qu’involontairement j’en parais les remords plus graves d’une vie follement dissipée où le mal avait triomphé bien souvent, et dont je ne reconnaissais les fautes qu’en sentant les coups du malheur. Je ne me trouvais plus digne même de penser à celle que je tourmentais dans sa mort après l’avoir