Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.





ODE XIII.




La mercerie que je porte,
Bertran, est bien d’une autre sorte
Que celle que l’usurier vend
Dedans ses boutiques avares,
Ou celles des Indes barbares
Qui enflent l’orgueil du Levant.

Ma douce navire immortelle
Ne se charge de drogue telle :
Et telle de moy tu n’attens,
Ou si tu l’attends tu t’abuses :
Je suis le trafiqueur des Muses,
Et de leurs biens maistres du temps.

Leur marchandise ne s’estalle
Au plus offrant dans une halle,
Leur bien en vente n’est point mis,
Et pour l’or il ne s’abandonne :
Sans plus, libéral je le donne
A qui me plaist de mes amis.