Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour menace ou prière, ou courtoise requeste
Que mon père me fist, il ne sçeut de ma teste
Oster la poésie, et plus il me tançoit,
Plus à faire des vers ma fureur me poussoit.

Je n’avois pas douze an qu’au profond des vallées,
Dans les hautes forests des hommes recullées
Dans les antres secrets de frayeur tout couvers,
Sans avoir soin de rien je composois mes vers:
Écho me répondoit, et fantastiques fées
Autour de moy dansoient à cotes desgrafées.

Je fus premièrement curieux du latin;
Mais voyant par effet que mon cruel destin
Ne m’avoit dextremtnt pour le latin fait naistre,
Je me fis tout François, aimant certes mieux estre
En ma langue ou second, ou le tiers, ou premier,
Que d’estre sans honneur à Rome le dernier.

Dono suivant ma nature aux muses inclinée,
Sans contraindre ou forcer ma propre destinée,
J’enrichy nostre France,et pris en gré d’avoir,
En servant mon pays, plus d’honneur que d’avoir.