Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/189

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Ainsi ce loup-garou un venin vomira,
Quand de son estomac le diable s’enfuira’.
Ha Dieu, qu’il est vilain 1 il rend desjà sa gorge
Aussi large qu’on void les soufflets d’une forge,
Qu’un boiteux marèschal estante quand il faut
Frapper à tour de bras Sur l’enclume un fer chaut.

Voyez combien d’humeurs différentes luy sortent,
Qui de son naturel les qualités l’apportent :
La rouge que voylà le fit présomptueux,
Ceste verte le fit mutin tumultueux,
Et ceste humeur noirastre et triste de nature
Est celle qui pippoit les hommes d’imposture :
La rousse que voylà le faisoit impudent,
Boufon, injurieux, brocardeur et mordant,
Et l’autre que voicy visqueuse, espaisse et noire,
Le rendoit par sus tous hargneux au Consistoire
Je me fasche de voir ce meschant animal
Vomir tant de venins, tout le cœur m’en fait mal.

Je pense, à voir son front, qu’il n’a peint de cervelle,
Je m’en vois luy sonder le chef d’une esprouvelle
Certes il n’en a point, le fer est bien avant
Et en lieu de cerveau ce n’est plein que de vent

Hélas j’en ay pitié, si faut-il qu’on le traitte,
Il faut que chez Tony il fasse une diette,