Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/20

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treizième siècles ? A je ne sais quelle poésie rî-f dicule, où la contrainte métrique, où des tours de force en fait de rime, tenoient lieu de couleur et de poésie ; à de fades et obscurs poèmes allégoriques, à des légendes lourdes et diffuses, à d’arides récits historiques rimes, tout cela recouvert d’un langage poétique, plus vieux de cent ans que la prose et le langage usuel, car les rimeurs d’alors imitoient si ser- vilement les poètes qui les avoient précédés, qu’ils en conservoient même la langue suran- née. Aussi, tout le monde s’étoit dégoûté de la poésie dans les genres sérieux, et l’on ne ô’oceupojt plus qu’à traduire les poèmes et ro- mans du douzième siècle dans cette prose qui çroissoit tous les jours eh grâce ex en vigueur. Enfin, il fut décidé que la langue françoise n’étoit pas propre à la haute poésie, et les sa- vans se hâtèrent de profiter de cet arrêt, pour prétendre qu’on ne devoit plus la traiter qu’en vers latins et en vers grecs.

Quant à la poésie populaire, grâce à Villon et à Marat, elle a voit marché de front avec la