Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/249

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LE CALCUL DE LA VIE.


Tu as cent ans et davantage :
Mais calcule de tout ton âge,
Combien en eut ton créancier,
Combien tes folles amourettes,
Combien tes affaires secrètes,
Combien ton pauvre tenancier.

Combien tes procès ordinaires,
Combien tes valets mercenaires,
Combien ton aller et venir ;
Ajoute aussi tes maladies,
Ajoute encore tes folies,
Si tu pouvois t’en souvenir :

Et tout cela qui, sans usage,
S’en est allé pour ton dommage :
Si tout cela tu en rabas,
Te verras avoir moins d’années
Que tu ne t’en étois données,
Et que tout jeune tu t’en vas.