Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/270

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Et qui n’étant moins sec dehors que dans la terre,
Ne sert que d’écbalas au gravissant lierre.
Mon bras, pourras-tu bien, pourras-tu, cruel bras,
Enfoncer da^le cœur d’Isàc ton coutelas ?
Qui, moi, que je défasse I ô félonie extrême T
Que je défasse, hélasl ce que j’ai ; iWit moi-même ?
Que j’ouvre sa poitrine" ;’,et que d’un bras sanglant,
J’en arrache ;, cruel, son cœur encor tremblant’ ?
Quoil o’est’l’ordre de Dieu ? DieU, colonne éternelle
De foi, de vérité, sera doncinfidelle ?
$]prè8 avoir juré par ton éternité,r
Que mon fils peuplera de sa postérité
La terre oh je voyage, et qu’a jamais sa grâce
Veut par Isac’, mon fils, éterniser ma race ;
Or il commandera que presque en son berceau,
J’étouffe dé injè mains l’innocent jouvenceau ?
Dieu fera’guerre à Dieu ? sa voix sera traîstresse ?
ïltson commandement combattra sa promesse ?
Dieu m’apprendra lui-même à lui manquer de foi ?
Faut-il tantost braver, tàntost suivre sa ïoi ?
Abram : lasi sur ton Dieu, tu veux trop entreprendre ;
Celui qui lé phénix ravive dé sa cendré,
Et du tombeau luisant du ûleur vermisseau,
Pour l’ornement des rois, fait renaître un oiseau,
Oublîra-t-il Isac, la sainte pépinière
De sa future église, et l’unique lumière
Qui fera jour au monde ? Hé 1 ne pourra-t-il pas