Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui naguère a lavé sa face en la marine.
Il bâtit son autel, le bûcher est dressé,
Et le bras de son fils d’une corde est pressé.
Mon père, dit Isac, mon père, mon bon père,
Eh quoi ? vous me montrez vetre face sévère 1
Mon père, hé 1 dites moi, quels apprêts sont ceci ?|
O cruauté nouvelle rest-ce donques ainsi
Que par moi vous devez être ayeul de Ces princes,
Qui braves dompteront ces fertiles provinces,
Et que je dois remplir,.,saintement glorieux,
Ce bas monde de rois, et d’étoiles lès cieux ?
Mon père, écoutez-moi ; non, non, je ne désire
Détourner, orateur, le tourment de votre ire :
Moissonnez hardiment le grain par vqus semé ;
Venez ; ôtez la vie à#otre bicn-aimê ;
Enivrez de mon sang ce g^zon exécrable ;
Puisque ma mort vous plaît, ma mort m’est agréable.
Mais quel est mon forfait qui nous rende, ô rigueur l
Moi la victime, et vous le sacrificateur ?
Faites-moi souvenir d’une faute si grande,
fe Afin qu’après, mon’Dieu, pardon je vous demande :
Afin que mon forfait soit pardonné papous,
Que vous viviez content, et que je meure absous.
Mon fils, reprit Abram, non, ce n’est pas un crime,
C’est le vouloir divin qui t’a rendu victime.