Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/306

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SONNET.


Recherche qui voudra les apparents honneurs,
Les pompes, les trésors, les faveurs variables,
Les lieux haut-élevez, les palais remarquables,
Retraites de pensers, d’ennuis et de douleurs.

J’aime mieux voir un pré bien tapissé de fleurs,
Arrosé de ruisseaux au vif-argent semblables,
Et tout encourtiné de buissons délectables,
Pour l’ombre et pour la soif durant les grant chaleurs.

Là, franc d’ambition, je vois couler ma vie,
Sans envier aucun, sans qu’on me porte envie,
Roi de tous mes désirs, content de mon parti.

Je ne m’enivre point d’une vaine espérance,
Fortune ne peut rien contre mon assurance,
Et mon repos d’esprit n’est jamais diverti.