Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/338

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Qui marque assurément la terre de ses pas,
Avecques ses pareils se plaist en ses esbats :
Il fuit, il vient, il parle, il pleure, il saute d’aise,
Sans raison d’heure en heure il o’esnicut et’s’apaise.

Croissant l’asge en avant, sans soin de gouverneur,
Relevé, courageux, et cupide d’honneur,
Il se plaist aux chevaux, aux chiens, à la campagne ;
Facile au vice, il hait les vieux et les desdagne :
Rude à qui le reprend, paresseux a son bien,
Prodigue, despensier, il ne conserve rien ;
Hautain, audacieux, conseiller de soi-mesme,
Et d’un cœur obstiné se heurte à ce qu’il aime.
L’asge au soin se tournant, homme fait, il acquiert
Des biens et des amis, si le temps le requiert ;
Il masque ses discours comme sur un théâtre ;
Subtil, ambitieux, l’honneur il idolâtre :
Son esprit avisé prévient le repentir,
Et se gaçde d’un lieu difficile à sortir.
Maints fasoheux accidents surprennent sa vieillesse
Soit qu’a vecq’ du souci gaignant de la richesse :
Il s’en deifend l’usage, et craint de s’en servir,
Que tant plus il en a, moins s’en peut assouvir :
Ou soit qu’avecq froidour il face toute chose,
Imbécllle, douteux, qui voudroit et qui n’ose,