Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/364

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Il me dit : Vous soyez , monsieur, le bien-venu.
Après quelques propos, sans propos et sans suite,
Avecq’ un froid adieu je minute ma fuite,
Plus de peur d’accident que par discrétion.
Il commence un sermon de son affection, -
Me rit, me prend, m’embrasse avecq 1 cérémonie :
Quoi 1 vous ennuyez-vous en nostre compagnie ?
Non, non, mu foi, dit-il, il n’ira pas ainsi $,
Et, puisque je vous tiens, vous souperez ici. .
Je m’excuse ; il me force. Q Dieux ! quelle injustice l
Alors, mais, lasl trop tard je cogneu mon supplice :
Mais, pour l’avoir cogneu, je ne pëus l’esviter,
Tant le destin se plaist à me persécuter.

A peine à ces propos eût-il fermé la bouche,
Qu’il entre à l’estourdie un sot fait à la fourche,
Qui, pour nous saluer, laissant cheoir son chapeau,
Fit comme un entrechat avec un escabeau,
Trebuchant contre-bas, s’en va devant-derrière,
Et, grondant, se fascha qu’on estoit sans lumière
Pour nous faire, sans rire, avaler ce beau saut,
Le monsieur sur sa veue excuse ce deffaut,
Que iesgonsde sçavoir ont la visière tendre.
L’autre, se relevant, devanUious se vint rendre,
Moins honteux d’estre cheu que des’estre dressé ;
Etjui dcmandast-il s’il s’estoit point blessé,