Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/53

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Sur les bords éniailiés des peinturés rivages,
Tantôt par les rochers reculés et déserts,
Tantôt par les taillis, verte maison des cerfs. ’
J’aimois le cours suivi d’une longue rivière,
A voir onde sur onde allonger sa carrière,
Et flot à l’autre flot en roulant s’attacher ;
Et penché Sur le bords, me plaisoit d’y pêcher,
Étant plus réjoui d’une chasse muette,
Troubler des écaillés la demeure secrète,
Tirer avec la ligne en tremblant emporté
Le crédule poisson pris à l’haim appâté,
Qu’un grand prince n’est aise ayant pris à la chasse
Un cerf qu’en haletant tout un jour il pourchasse i
Heureux si vous eussiez d’un mutuel émoi
Pris l’appât amoureux aussi bien comme moi»...
Las l couché dessus l’herbe en mes discours je pense
Que pour aimer beaucoup j’ai peu de récompense,
Et que mettre son cœu$ aux dames si avant,
C’est vouloir peindre en l’onde et arrêter le vent.
M’assurant toutefois qu’alors que le vieil âge
Aura, comme sorcier, changé votre visage »
Et lorsque vos cheveux deviendront argentés,
Et que vos yeux d’amour ne seront plus hantés,
Que toujours vous aurez, quelque soin qui vous touche,
En l’esprit mes écrits, mon nom en votre bouche.