Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/9

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gueil espérer de les effacer, heureux s’il dotoit notre siècle d’une source féconde d’inspiration et communiquoit à d’autres l’envie de le surpasser lui-même dans cette entreprise.

Car il faut l’avouer, avec tout le respect possible pour les auteurs du grand siècle, ils ont trop resserré le cercle des compositions poétiques ; sûrs pour eux-mêmes de ne jamais manquer d’espace et de matériaux, ils n’ont point songé à ceux qui leur succéderoient, ils ont dérobé leurs neveux selon l’expression du Métromane : au point qu’il ne nous reste que deux partis à prendre, ou de les surpasser, ainsi que je viens de dire, ou de poursuivre une littérature d’imitation servile qui ira jusqu’où elle pourra ; c’est-à-dire qui ressemblera à cette suite de dessins si connue, où par des copies successives et dégradées, on parvient à faire du profil d’Apollon une tête hideuse de grenouille.

De pareilles observations sont bien vieilles, sans doute, mais il ne faut pas se lasser de les remettre devant les yeux du public, puisqu’il y a des gens qui ne se lassent pas de répéter