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ODE XII.




Ma douce jouvence est passée,
Ma premiere force est cassée,
J’ai la dent noire et le chef blanc,
Mes nerfs sont dissous, et mes veines,
Tant j’ai le corps froid, ne sont pleines,
Que d’une eau rousse en lieu de sang.

Adieu ma lyre, adieu fillettes,
Jadis mes douces amourettes,
Adieu je sens venir ma fin :
Nul passetemps de ma jeunesse
Ne m’accompagne en la vieillesse,
Que le feu, le lict et le vin.

J’ai la teste toute estourdie
De trop d’ans et de maladie,
De tous costez le soin me mord :
Et soit que j’aille ou que je tarde,
Tousjours après moy je regarde
Si je verray venir la mort,