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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/23

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toutes neuves que lui vient d’apporter Eustache Bouteroue, apprenti de maître Goubard, drapier-chaussetier. Maître Chevassut, en nouant ses aiguillettes, se lève et se rassied successivement, adressant par intervalles la parole au jeune homme, qui, raide comme un saint de pierre, a pris place, d’après son invitation, sur le coin d’un escabeau, et qui le regarde avec hésitation et timidité.

― Hum ! celles-là ont fait leur temps ! dit-il en poussant du pied les vieilles grègues qu’il venait de quitter ; elles montraient la corde comme une ordonnance prohibitive de la prévôté ; et puis tous les morceaux se disaient adieu… un adieu déchirant !

Le facétieux magistrat releva cependant encore l’ancien vêtement nécessaire pour y prendre sa bourse, dont il répandit quelques pièces dans sa main.

― Il est sûr, poursuivit-il, que nous autres gens de loi faisons de nos vêtements un très durable usage, à cause de la robe sous laquelle nous les portons aussi longtemps que le tissu résiste et que les coutures gardent leur sérieux ; c’est pourquoi, et comme il faut que chacun vive, même les voleurs, et partant les