Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/49

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comme il ne rentrait point d’ordinaire sans être un peu animé par le vin, sa contrariété se produisit par un gros jurement qui fit tressaillir Eustache dans son entresol, où il n’était pas couché encore, s’effrayant déjà de l’audace de sa résolution.

― Holà ! hé ! cria l’autre en donnant un coup de pied dans la porte, c’est donc ce soir fête ! C’est donc la Saint-Michel, la fête des drapiers, des tire-laine et des vide-goussets ?…

Et il tambourinait du poing sur la devanture ; mais cela ne produisit pas plus d’effet que s’il eût pilé de l’eau dans un mortier.

― Ohé ! mon oncle et ma tante !… voulez-vous donc me faire coucher en plein vent, sur le grès, au risque d’être gâté par les chiens et les autres bêtes ?… Holà ! hé ! diantre soit des parents ! Ils en sont corbleu capables !… Et la nature donc, manants ! Ho ! ho ! descends vitement, bourgeois, c’est de l’argent qu’on t’apporte !… Le cancre te vienne, vilain maroufle !

Toute cette harangue du pauvre neveu n’émouvait aucunement le visage de bois de la porte ; il usait à rien ses paroles, comme le vénérable Bède prêchant à un tas de pierres.