Aller au contenu

Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

votte songeât à l’arrêter. Il décrocha sa rapière en passant dans l’arrière-boutique, et seulement quand il sentit dans sa main brûlante le froid de la poignée en cuivre, il s’arrêta un instant et ne chemina plus qu’avec des pieds de plomb vers sa porte, dont il tenait la clef de l’autre main. Mais une seconde vitre qui se cassa avec grand bruit, et les pas de sa femme qu’il entendit derrière les siens, lui rendirent toute son énergie : il ouvrit précipitamment la porte massive et se planta sur le seuil avec son épée nue, comme l’archange à l’huis du paradis terrien.

― Que veut donc ce coureur de nuit ? ce méchant ivrogne à un sou le pot ? ce casseur de plats fêlés ?… cria-t-il d’un ton qui eût été tremblant pour peu qu’il l’eût pris deux notes plus bas. Est-ce de la façon qu’on se comporte avec les gens honnêtes ?… Çà, tournez-nous les talons sans retard et vous en allez dormir sous les charniers avec vos pareils, ou j’appelle mes voisins et les gens du guet pour vous prendre !

― Oh ! oh ! voilà comme tu chantes à présent, coquecigrue ? on t’a donc sifflé ce soir avec une trompette ?… Oh ! bien, c’est différent…