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Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/81

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et se confia en ses propres prières pour en obtenir le pardon.

Le prêtre lui donna l’absolution et, pour passer le temps, comme il fallait qu’il demeurât jusqu’à deux heures auprès du condamné, lui présenta un livre intitulé : les Pleurs de l’âme pénitente, ou le Retour du pécheur vers son Dieu. Eustache ouvrit le volume à l’endroit du privilège royal, et se mit à le lire avec beaucoup de componction, commençant par : Henry, roy de France et de Navarre, à nos amés et féaulx, etc., jusqu’à la phrase : à ces causes, voulant traiter favorablement le dit exposant… Là, il ne put s’empêcher de fondre en larmes, et rendit le livre en disant que c’était fort touchant et qu’il craignait trop de s’attendrir en en lisant davantage. Alors le confesseur tira de sa poche un jeu de cartes fort bien peint, et proposa à son pénitent quelques parties où il lui gagna un peu d’argent que Javotte lui avait fait passer pour qu’il pût se procurer quelques soulagements. Le pauvre homme ne songeait guère à son jeu, mais il est vrai aussi que la perte lui était peu sensible.

À deux heures, il sortit du Châtelet, trem-