Page:Nerval - Contes et Facéties, 1852.djvu/91

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La danse s’arrêta, des cris d’effroi se firent entendre dans tous les coins de la cave, et le sergent sentit ses cheveux se dresser en voyant que le vin répandu paraissait former une mare de sang.

Le corps d’une femme nue, dont les blonds cheveux se répandaient à terre et trempaient dans l’humidité, était étendu sous ses pieds.

Le sergent n’aurait pas eu peur du diable en personne, mais cette vue le remplit d’horreur ; songeant après tout qu’il avait à rendre compte de sa mission, il s’empara d’un cachet vert qui semblait ricaner devant lui, et s’écria :

— Au moins j’en aurai une !

Un ricanement immense lui répondit.

Cependant il avait regagné l’escalier, et montrant la bouteille à ses camarades, il s’écria :

— Voilà le farfadet !… vous êtes bien capons (Il prononça un autre mot plus vif encore), de ne pas oser descendre là-dedans !

Son ironie était amère. Les archers se précipitèrent dans la cave, où l’on ne retrouva qu’une bouteille de bordeaux cassée. Le reste était en place.

Les archers déplorèrent le sort de la bou-