Page:Nerval - La Bohème galante, 1855.djvu/21

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en s’âsseyant, un vieux fauteuil Louis XIII. On s’empressait de lui offrir un escabeau gothique, et il lisait, à son tour, ses premiers vers, — pendant que Cydf.lise 1’% ou Lorry, ou Yictorine, se balançaient nonchalamment dans le hamac de Sarah la blonde, tendu à travers Timmense salon.

Quelqu’un de nous se levait parfois, et rêvait à des vers nouveaux en contemplant, des fenêtres, les façades sculptées de la galerie du Musée, égayée de ce côté par les^arbres du manège.

Vous Tavez bien dit :

Théo, te souviens-tu de ces vertes saison^
Qui s’efTeuillaieut si vite en ces vieilles maisons.
Dont le front s*abntait sous une aile du Louvre?

Ou bien, par les fenêtres opposées, qui donnaient sur r impasse, on adressait de vagues provocations aux yeux espagnols de la femme du commissaire, qui apparaissaient assez souvent au-dessus de la lanterne municipale.

Quels temps heureux î On donnait des bals, des soupers, des fêtes costumées, — on jouait de vieilles comédies, ou mademoiselle Plessy, étant encore débutante, ne dédaigna pas à*ac<;epter un rôle: — c/était celui de Béatrice dans Jodelet. — Et que notre pauvre Edouard Ourliac était comique dans les rôles d’Arlequin*!

Nous étions jeunes^ toujours gais, quelquefois riches... Mais je viens de faire vibrer la corde sombre : notre palais «st rasé. J*en ai foulé les débris Tautomne passé. ]jis ruines

  • Notamment dans le Courrier de Naplet, du tliéâcre des grands boulevards.