Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/192

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ses grâces particulières devait se présenter à son lever pour la prière du matin. — Le temple était ouvert avec grande pompe. Le grand prêtre sortait du sanctuaire accompagné de ses ministres. L’encens odorant fumait sur l’autel ; de doux sons de flûte se faisaient entendre. — Cependant, la communauté s’était partagée en deux rangs, dans le vestibule, jusqu’au premier degré du temple. — La voix du prêtre invite à la prière, une sorte de litanie est psalmodiée ; puis on entend retentir dans les mains de quelques adorateurs les sons éclatants du sistre d’Isis. Souvent, une partie de l’histoire de la déesse est représentée au moyen de pantomimes et de danses symboliques. Les éléments de son culte sont présentés avec des invocations au peuple agenouillé, qui chante ou qui murmure toute sorte d’oraisons.

Mais, si l’on avait, au lever du soleil, célébré les matines de la déesse, on ne devait pas négliger de lui offrir ses salutations du soir et de lui souhaiter une nuit heureuse, formule particulière qui constituait une des parties importantes de la liturgie. On commençait par annoncer à la déesse elle-même l’heure du soir.

Les anciens ne possédaient pas, il est vrai, la commodité de l’horloge sonnante, ni même de l’horloge muette ; mais ils suppléaient, autant qu’ils le pouvaient, à nos machines d’acier et de cuivre par des machines vivantes, par des esclaves chargés de crier l’heure d’après la clepsydre et le cadran solaire ; — il y avait même des hommes qui, rien qu’à la longueur de leur ombre, qu’ils savaient estimer à vue d’œil, pouvaient dire l’heure exacte du jour ou du soir. — Cet usage de crier les déterminations du temps était également admis dans les temples. Il y avait à Rome des gens pieux qui remplissaient auprès de Jupiter Capitolin ce singulier office de lui dire les heures. — Mais cette coutume était principalement observée aux matines et aux vêpres de la grande Isis, et c’est de cela que dépendait l’ordonnance de la liturgie quotidienne.