Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/194

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nacle, accosté à droite et à gauche de deux diacres ou pastophores, élevait le principal élément du culte, le symbole du Nil fertilisateur, l’eau bénite, et la présentait à la fervente adoration des fidèles. La cérémonie se terminait par la formule de congé ordinaire

Les idées superstitieuses attachées à de certains jours, les ablutions, les jeûnes, les expiations, les macérations et les mortifications de la chair étaient le prélude de la consécration à la plus sainte des déesses de mille qualités et vertus, auxquelles hommes et femmes, après maintes épreuves et mille sacrifices, s’élevaient par trois degrés. Toutefois, l’introduction de ces mystères ouvrit la porte à quelques déportements. — À la faveur des préparations et des épreuves, qui, souvent, duraient un grand nombre de jours et qu’aucun époux n’osait refuser à sa femme, aucun amant à sa maîtresse, dans la crainte du fouet d’Osiris ou des vipères d’Isis, se donnaient dans les sanctuaires des rendez-vous équivoques, recouverts par les voiles impénétrables de l’initiation. — Mais ce sont là des excès communs à tous les cultes dans leurs époques de décadence. Les mêmes accusations furent adressées aux pratiques mystérieuses et aux agapes des premiers chrétiens. — L’idée d’une terre sainte où devait se rattacher pour tous les peuples le souvenir des traditions premières et une sorte d’adoration filiale, — d’une eau sainte propre aux consécrations et purifications des fidèles, — présente des rapports plus nobles à étudier entre ces deux cultes, dont l’un a, pour ainsi dire, servi de transition vers l’autre.

Toute eau était douce pour l’Égyptien, mais surtout celle qui avait été puisée au fleuve, émanation d’Osiris. À la fête annuelle d’Osiris retrouvé, où, après de longues lamentations, on criait : Nous l’avons trouvé et nous nous réjouissons tous ! tout le monde se jetait à terre devant là cruche remplie d’eau du Nil nouvellement puisée que portait le grand prêtre ; on levait les mains vers le ciel, exaltant le miracle de la miséricorde divine.