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LES FILLES DU FEU

Henri IV, adossé aux vieilles fortifications de la ville ; les cloîtres byzantins de Charles le Gros et de ses successeurs, n’ont rien qui doive nous arrêter… C’est encore le moment de parcourir les bois, malgré la brume obstinée du matin.


Nous sommes partis de Senlis, à pied, à travers les bois, aspirant avec bonheur la brume d’automne.

Nous avions parcouru une route qui aboutit aux bois et au château de Mont-l’Évêque. — Des étangs brillaient çà et là à travers les feuilles rouges relevées par la verdure sombre des pins. Sylvain me chanta ce vieil air du pays :

Courage ! mon ami, courage !
Nous voici près du village !
À la première maison,
Nous nous rafraîchirons !


On buvait dans le village un petit vin qui n’était pas désagréable pour des voyageurs. L’hôtesse nous dit, voyant nos barbes : — Vous êtes des artistes… vous venez donc pour voir Châalis ?

Chaâlis, — à ce nom je me ressouvins d’une époque bien éloignée… celle où l’on me conduisait à l’abbaye, une fois par an, pour entendre la messe, et pour voir la foire qui avait lieu près de là.

— Châalis, dis-je… Est-ce que cela existe encore ?



La Chapelle en Serval, ce 20 novembre.

De même qu’il est bon dans une symphonie même pastorale de faire revenir de temps en temps le motif princi-