Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rouges, son côté faible était le plaisir qu’il trouvait à prendre une et même un grand nombre de gorgées de whisky, quand l’occasion s’en présentait. Toutefois il éprouvait à cet égard une telle crainte de sa compagne, qu’adroitement il cachait les bouteilles d’eau-de-vie dans des creux d’arbres. Mais mistress Tomahawk eut bientôt découvert la fraude, et, afin de mettre dorénavant Tomahawk à l’abri de toute tentation, elle décida qu’à l’avenir toutes les peaux seraient apportées au camp et mises à sa disposition. Elle se chargea alors du commerce de pelleterie. Bien peu de temps après, plusieurs vaches paissaient sur les bords du Miami, et Tomahawk goûta pour la première fois du café et des gâteaux de farine de maïs. Mais les choses allèrent de pire en pire. Un jeune Tomahawk vit la lumière du monde, et les vieux Squaws ne tardèrent pas à se présenter chez sa mère, les mains remplies de fumier et de graisse d’ours, pour admettre solennellement le nouveau chef de la peuplade dans la communauté religieuse et politique. Mais Jemmy leur montra un visage renfrogné, et quand elle vit que cela ne suffisait pas, elle se saisit si résolument de son sceptre, c’est-à-dire d’un grand balai, que jeunes et vieux se sauvèrent à toutes jambes, se croyant poursuivis du malin esprit. Lorsqu’elle fut rétablie de ses couches, elle ordonna encore à Tomahawk d’apprêter deux chevaux.

Cette fois-ci encore, leur course se dirigea vers la colonies mais lis abordèrent non à la maison du juge de paix, mais à celle du curé. Tomahawk accédait à tout tranquillement ; mais lorsqu’il vit le curé répandre de l’eau sur son fils, la patience lui échappa, il entra dans une sorte de fureur, et appela mistress Tomahawk sorcière, mauvais génie,