Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/248

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preuves qui, souvent, duraient un grand nombre de jours et qu’aucun époux n’osait refuser à sa femme, aucun amant à sa maîtresse, dans la crainte du fouet d’Osiris ou des vipères d’Isis, se donnaient dans les sanctuaires des rendez-vous équivoques, recouverts par les voiles impénétrables de l’initiation. — Mais ce sont là des excès communs à tous les cultes dans leurs époques de décadence. Les mêmes accusations furent adressées aux pratiques mystérieuses et aux agapes des premiers chrétiens. — L’idée d’une terre sainte où devait se rattacher pour tous les peuples le souvenir des traditions premières et une sorte d’adoration filiale, — d’une eau sainte propre aux consécrations et purifications des fidèles, — présente des rapports plus nobles à étudier entre ces deux cultes, dont l’un a pour ainsi dire servi de transition vers l’autre.

Toute eau était douce pour l’Egyptien, mais surtout celle qui avait été puisée au fleuve, émanation d’Osiris. — A la fête annuelle d’Osiris retrouvé, où, après de longues lamentations, on criait : Nous l’avons trouvé et nous nous réjouissons tous ! tout le monde se jetait à terre devant la cruche remplie d’eau du Nil nouvellement puisée que portait le grand-prêtre ; on levait les mains vers le ciel, exaltant le miracle de la miséricorde divine.

La sainte eau du Nil, conservée dans la cruche sacrée, était aussi à la fête d’Isis le plus vivant symbole du père des vivants et des morts. Isis ne pouvait être honorée sans Osiris. — Le fidèle croyait même à la présence réelle d’Osiris dans l’eau du Nil, et, à chaque bénédiction du soir