Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/255

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de moi, tu sauras que je puis seule prolonger ta vie spirituelle au delà des bornes marquées. » — Ayant prononcé ces adorables paroles, l’invincible déesse disparaît et se recueille dans sa propre immensité.

Certes, si le paganisme avait toujours manifesté une conception aussi pure de la divinité, les principes religieux issus de la vieille terre d’Egypte régneraient encore selon cette forme sur la civilisation moderne. — Mais n’est-il pas à remarquer que c’est aussi de l’Egypte que nous viennent les premiers fondements de la foi chrétienne ? Orphée et Moïse, initiés tous deux aux mystères isiaques, ont simplement annoncé à des races diverses des vérités sublimes, — que la différence des mœurs, des langages et l’espace des temps a ensuite peu à peu altérées ou transformées entièrement. — Aujourd’hui, il semble que le catholicisme lui-même ait subi, selon les pays, une réaction analogue à celle qui avait lieu dans les dernières années du polythéisme. En Italie, en Pologne, en Grèce, en Espagne, chez tous les peuples les plus sincèrement attachés à l’Eglise romaine, la dévotion à la Vierge n’est-elle pas devenue une sorte de culte exclusif ? N’est-ce pas toujours la Mère sainte, tenant dans ses bras l’enfant sauveur et médiateur qui domine les esprits, — et dont l’apparition produit encore des conversions comparables à celle du héros d’Apulée ? Isis n’a pas seulement ou l’enfant dans les bras, ou la croix à la main comme la Vierge : le même signe zodiacal leur est consacré, la lune est sous leurs pieds ; le même nimbe brille autour de leur tête ; nous avons rapporté plus haut mille détails analogues dans les cérémonies ; — même sentiment de chasteté dans le culte isiaque, tant que la doctrine est restée pure ; institutions