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LES FILLES DU FEU

Corbinière : « Mais, que ferons-nous ? Il n’y a tantôt plus d’argent ! »

Il répondit : « Lorsque nous serons en terre ferme, Dieu y pourvoiera… Habillez-vous, et nous irons à la messe de Sant-Marc. »


Arrivés à Saint-Marc, les époux s’assirent, au banc des sénateurs ; et là, quoique étrangers, personne n’eut l’idée de leur contester cette place, — car La Corbinière avait des chausses de petit velours noir, avec le pourpoint de toile d’argent blanc, le manteau pareil…, et la petite oie d’argent.

Angélique était bien ajustée, et elle fut ravie, — car son habit à la française faisait que les sénateurs avaient toujours l’œil sur elle.

L’ambassadeur de France, qui marchait dans la procession avec le doge, la salua.

À l’heure du dîner, Angélique ne voulut plus sortir de son hôtel, — aimant mieux reposer que d’aller en mer en gondole.

Quant à La Corbinière, il alla se promener sur la place Saint-Marc, et y rencontra M. de La Morte, qui lui fit des offres de service, et qui, sur ce qu’il lui parla de la difficulté que lui et Angélique avaient à s’épouser, lui dit qu’il serait bon de se rendre à sa garnison de Palma-Nova, où l’on pourrait en conférer, et où La Corbinière pourrait se mettre au service.


Là, M. de La Morte présenta les futurs époux à Son Excellence le général, qui ne voulut pas croire qu’un homme si bien couvert s’offrît de prendre une pique dans une com-