Page:Nerval - Les Filles du feu.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
LES FILLES DU FEU

ravis de voir que ce grand général, craint et redouté partout, me faisait tant d’honneur. »

Le général, tout en dansant, ne manquait pas de parler à Angélique de Longueval « à part de son mari. » Il lui disait : « Qu’attendez-vous en Italie ?… La misère avec lui pour le reste de vos jours. Si vous dites qu’il vous aime, vous ne pouvez croire que je ne fasse plus encore… moi qui vous achèterai les plus belles perles qui seront ici, et d’abord des cottes de brocard telles qu’il vous plaira. Prenez, Mademoiselle, à laisser votre amour pour une personne qui parle pour votre bien et pour vous remettre en bonne grâce de messieurs vos parents. »

Cependant ce général conseillait à La Corbinière de s’engager dans les guerres d’Allemagne, lui disant qu’il trouverait beaucoup d’avantage à Inspruck, qui n’était qu’à sept journées de Vérone, et que là il attraperait une compagnie…


8e LETTRE


Réflexions. — Souvenirs de la ligne. — Les Sylvanectes et les Francs. — La Ligue.


J’ai vu, en me promenant, sur une affiche bleue une représentation de Charles VII annoncée, — par Beauvallet et mademoiselle Rimblot. Le spectacle était bien choisi. Dans ce pays-ci on aime le souvenir des princes du Moyen Age et de la Renaissance, — qui ont créé les cathédrales merveilleuses que nous y voyons, et de magnifiques châteaux, — moins épargnés cependant par le temps et les guerres civiles.