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LES FILLES DU FEU

reprocha d’avoir fait vendre à son mari son enseigne, ce qui était cause de son malheur. « Je ne sais, ajoute-t-elle, s’il avait encore de l’amour pour moi, ou si ce fut de la pitié, tant il y a qu’il m’envoya vingt pistoles et tout un ameublement de maison où mon mari se gouverna si mal, qu’en peu de temps il mangea entièrement tout. »

Il avait repris un peu de santé et vivait continuellement en débauche avec deux de ses camarades, M. de la Perle et M. Escutte. Cependant l’affection de sa femme ne s’affaiblit pas. Elle se résolut, « pour ne pas vivre tout à fait dans l’incommodité, à prendre des gens en pension, » — ce qui lui réussit ; — seulement La Corbinière dépensait tout le gagnage hors du logis, « ce qui, dit-elle — m’affligeait jusqu’à la mort ; il finit par vendre les meubles, — de sorte que la maison ne pouvait plus aller.

» Cependant, dit la pauvre femme, je sentais toujours mon affection aussi grande que lorsque nous partîmes de France. Il est vrai qu’après avoir reçu la première lettre de ma mère, cette affection se partagea en deux… Mais, j’avoue que l’amour que j’avais pour cet homme surpassait l’affection que je portais à mes parents. »


9e LETTRE


Nouveaux détails inédits. — Manuscrit du célestin Goussencourt. — Dernières aventures d’Angélique. — Mort de La Corbinière. — Lettres.


Le manuscrit que les archives nationales conservent écrit de la main d’Angélique s’arrête là.

Mais nous trouvons annexées au même dossier les observations suivantes écrites par son cousin, le moine