Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA BIBLIOTHÈQUE DE MON ONCLE


Il n’est pas donné à tout le monde d’écrire l’Éloge de la Folie ; mais sans être Érasme, — ou Saint-Évremond, on peut prendre plaisir à tirer du fouillis des siècles quelque figure singulière qu’on s’efforcera de rhabiller ingénieusement, — à restaurer de vieilles toiles, dont la composition bizarre et la peinture éraillée font sourire l’amateur vulgaire.

Dans ce temps-ci, où les portraits littéraires ont quelque succès, j’ai voulu peindre certains excentriques de la philosophie. Loin de moi la pensée d’attaquer ceux de leurs successeurs qui souffrent aujourd’hui d’avoir tenté trop follement ou trop tôt la réalisation de leurs rêves. — Ces analyses, ces biographies furent écrites à diverses époques, bien qu’elles dussent se rattacher à la même série.

J’ai été élevé en province, chez un vieil oncle qui possédait une bibliothèque formée en partie à