Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/310

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contraire, devint peu à peu son ennemie, et, agissant surtout chez les peuples restés catholiques, y établit bientôt deux divisions tranchées d’incrédules et de croyants.

Il est cependant un grand nombre d’esprits que ne satisfait pas le matérialisme pur, mais qui, sans repousser la tradition religieuse, aiment à maintenir à son égard une certaine liberté de discussion et d’interprétation. Ceux-là fondèrent les premières associations maçonniques qui, bientôt, donnèrent leur forme aux corporations populaires et à ce qu’on appelle encore aujourd’hui le compagnonnage.

La maçonnerie établit ses institutions les plus élevées en Écosse, et ce fut par suite des relations de la France avec ce pays, depuis Marie Stuart jusqu’à Louis XIV, que l’on vit s’implanter chez nous fortement les institutions mystiques qui procédèrent des Rosecroix.

Pendant ce temps, l’Italie avait vu s’établir, à dater du xive siècle, une longue série de penseurs hardis, parmi lesquels il faut ranger Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Meursius, Nicolas de Cusa, Jordano Bruno et autres grands esprits, favorisés par la tolérance des Médicis, et que l’on appelle quelquefois les néoplatoniciens de Florence.

La prise de Constantinople, en exilant tant de savants illustres qu’accueillit l’Italie, exerça aussi une grande influence sur ce mouvement philosophique qui ramena les idées des Alexandrins, et fit étudier de nouveau les Plotin, les Proclus, les Porphyre, les Ptolémée, premiers adversaires du catholicisme naissant.

Il faut observer ici que la plupart des savants médecins et naturalistes du moyen âge, tels que Paracelse, Albert-le-Grand, Jérôme Cardan, Roger Bacon et autres, s’étaient rattachés plus ou moins à ces doctrines, qui donnaient une formule nouvelle à ce qu’on appelait alors les scien-