Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/339

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mier anneau réduit dans son expression ineffable. Eh ! qui êtes-vous pour vous refuser à cette instruction universelle ? vous qui avez été instruits par des hommes dans l’erreur, dont l’un vous a dit même que sa religion n’était point céleste, qu’elle était terrestre, qu’elle était à vos pieds, qu’elle avait sa cause dans la grossièreté de son peuple.

» Peut-on joindre des êtres divers de nature sans un moyen ; c’est ainsi que la terre se joint à l’eau par sa frigidité, l’eau à l’air par son humidité ; l’air au feu par sa chaleur, le feu à l’éther par sa subtilité et sa ténuité ; l’ordre sur-élémentaire ne doit pas être autre. Le second anneau est semblable au premier ; le troisième au second : ainsi jusqu’à l’infini, partout la production ressemble au producteur. Tout ce que le producteur produit est déjà en lui en puissance et en idée. Ô la belle analogie qu’il y a entre nous misérables mortels et le producteur de tout, ce premier anneau de la chaîne ! pour que nous puissions nous joindre à lui sans intermédiaire ! Ô la belle physique, qui, quand tout est plein, quand tout est rempli d’habitants, fait un désert immense depuis ce premier anneau de la chaîne jusqu’à nous ! Tout pourrait-il subsister avec une pareille lacune dans l’univers ? Ô malheureux que vous êtes ! resserrés et contraints dans vos idées ! élargissez-vous enfin, sortez des langes de vos religions qui ne sont point au ciel ; montez-y, voyez-y une troupe innombrable, infinie, ineffable d’êtres, de dieux, de génies intermédiaires entre vous et le premier anneau de la chaîne, qui ont tous leurs vies, leurs occupations, leurs emplois, leurs affections, leurs natures, leurs manières d’exister selon leurs genres, et qu’ils sont plus ou moins éloignés du centre universel de tous les êtres.

» Comme j’ai dit que nous trouvions dans ce centre des