Page:Nerval - Les Illuminés, 1852.djvu/343

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commence ainsi : maje Jovi, tellus…, grand Jupiter, et toi, terre. En effet, que voyez-vous ? vous voyez au ciel les plus grands objets de la nature, et, comme dit encore fort bien Proclus, nous avons aussi un soleil et une lune terrestres, mais selon la qualité terrestre ; nous avons au ciel toutes les plantes, toutes les pierres, tous les animaux, mais selon la nature céleste, et ayant une vie intellectuelle.

» Sans doute que les Dieux ont appris ce dogme aux hommes ; mais je dis que, quand ils ne le leur auraient pas appris, ces derniers auraient pu le concevoir d’eux-mêmes. Voyant que la lune recevait sa lumière du soleil, ils purent concevoir comment tous les êtres avaient été produits, et voyant que ces deux principaux moyens de production n’étaient pas seuls au ciel, qu’il y avait une multitude d’autres êtres qui leur étaient semblables, ils purent concevoir qu’ils étaient aussi des moyens de production ; que tous entre eux se répartissaient ces moyens selon la conscience qu’ils avaient ; numina conscia veri ; de l’unité de l’œuvre qu’ils avaient à remplir. Si Mars versait sur la terre tout ce qu’il y a de torride et d’igné, il brûlerait tout ; si Saturne y versait tout ce qu’il y a de froid, il glacerait tout. Ce n’est pas l’éloignement du soleil qui donne aux astres leurs différentes qualités. Mars est plus torride et plus igné que Mercure et Vénus, qui sont moins éloignés de ce centre de feu. Saturne est bien plus près de ce foyer, de ce cœur du monde, que l’astre embrasé de la canicule. Mais, de la température de ces différentes influences, émises avec intelligence, se forme une influence générale, que le ciel verse sur la terre. Ainsi, dans le monde sensible, le ciel est le premier agent des dieux ; mais si la terre émettait des influences contraires à celles qu’elle reçoit, rien ne se ferait dans la nature ;