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Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/133

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habits même ont disparu. Voici la lettre qu’il trouve sur une table :


« Cher époux, on m’enlève à ta tendresse. On me livre à ce lord que tu as vu… Mais sois sûr que, si je puis m’échapper, je reviendrai dans tes bras.

« Ta tendre épouse, Henriette. »

Il serait difficile de peindre la honte et le désespoir de Nicolas. On lui avait enlevé une forte somme qu’il avait en dépôt. Sa seule consolation fut de voir déclarer plus tard la nullité de son mariage, attendu que, comme catholique, il n’avait pu épouser légalement une protestante. Sa vengeance fut d’écrire, avec les éléments de cette aventure, une comédie intitulée la Prévention nationale.

Nous avons vu qu’il ne fut pas moins dupe dans son mariage avec Agnès Lebègue. Malheureusement, il le fut plus longtemps. Bien qu’il n’eût pas conservé d’illusions sur le caractère et la conduite de sa femme, il vécut quelque temps avec elle en assez bon accord, lui passant philosophiquement quelques faiblesses, — dont il se vengeait en courtisant les amies d’Agnès Lebègue ou les épouses de ses galants. Le cynisme de ces aveux indique une dépravation morale toute systématique. Un épisode extraordinaire des premières années de son mariage pourrait bien avoir inspiré à Goethe l’idée de son roman des Affinités électives, dans lequel on trouve établi une sorte de chassé-croisé d’affections entre deux ménages mal assortis, qui, s’isolant du monde, conviennent de réparer l’erreur de leur situation légale. Il est curieux, dans tous les cas, de voir le poëte du panthéisme se rencontrer, dans cet immense paradoxe, avec un écrivain auquel il n’a manqué que le génie pour élucider des inspirations où se trouvent tous les éléments de la doctrine hégélienne.

Pour clore tout ce qui se rapporte à la vie amoureuse de Nicolas, il est bon de parler de son dernier mariage, accompli