Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/217

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ligné : en voici un autre qui se rapporte à ses anciennes relations avec les illuminés :


« Je reçois deux lettres de connaissances intimes que j’avais parmi mes confrères les martinistes ; ils sont démagogues comme Bret ; gens de nom, braves gens jusqu’ici ; le démon est maître d’eux. À l’égard de Bret en son acharnement au magnétisme, je lui ai attiré la maladie ; les jansénistes affiliés aux convulsionnaires par état sont dans le même cas ; c’est bien celui de leur appliquer à tous la phrase : « Hors de l’Église point de salut, » pas même de sens commun.

» Je vous ai prévenu que nous étions huit en tout dans la France, absolument inconnus les uns des autres, qui élevions, mais sans cesse, comme Moïse, les yeux, la voix, les bras vers le ciel, pour la décision d’un combat dans lequel les éléments eux-mêmes sont mis en jeu. Nous croyons voir arriver un événement figuré dans l’Apocalypse et faisant une grande époque. Tranquillisez-vous, ce n’est pas la fin du monde : cela la rejette à mille ans par delà. Il n’est pas encore temps de dire aux montagnes : Tombez sur nous ; mais, en attendant le mieux possible, ce va être le cri des jacobins ; car il y a des coupables de plus d’une robe. »


Son système sur la nécessité de l’action humaine pour établir la communication entre le ciel et la terre est clairement énoncé ici. Aussi en appelle-t-il souvent, dans sa correspondance, au courage du roi Louis XVI, qui lui paraît toujours se reposer trop sur la Providence. Ses recommandations à ce sujet ont souvent quelque chose du sectaire protestant plutôt que du catholique pur :


« Il faut que le roi vienne au secours de la garde nationale, qu’il se montre, qu’il dise : « Je veux, j’ordonne, » et d’un ton ferme. Il est assuré d’être obéi, et de n’être pas pris pour la poule mouillée que les démocrates dépeignent à me faire souffrir dans toutes les parties de mon corps.