IV
LES RITES
On peut s’étonner aujourd’hui de la nouveauté rétrospective de ces idées ; mais il fallait certainement qu’un tel livre parût pendant le cours de l’ancienne révolution. Du reste, on doit peut-être savoir gré à Quintus Aucler d’avoir, dans une époque où le matérialisme dominait les idées, ramené les esprits au sentiment religieux, et aussi à ces pratiques spéciales du culte qu’il croyait nécessaires à combattre les mauvais instincts ou à assouplir l’ignorante grossièreté de certaines natures.
Les jeûnes, les vigiles, l’abstinence de certains aliments, les mœurs de la famille et les actes générateurs soumis à des prescriptions pour lesquelles le paganisme n’a pas été moins prévoyant que la Bible, ce n’était certes pas de quoi plaire aux sceptiques et aux athées de l’époque, et il y avait quelque courage à proposer la restauration de ces pratiques.
Quant au choix même de la religion païenne, il était donné par la situation ; les fêtes civiques, les cérémonies privées, le culte des déesses, allégorique, il est vrai, comme dans les derniers temps de Rome, ne se refusaient nullement à l’assimilation d’un dogme mystique, qui n’était après tout qu’une renaissance de la doctrine épurée des néo-platoniciens. Il s’agissait simplement de ressouder le xviiie siècle au ve et de rappeler aux bons Parisiens le fanatisme de leurs pères pour cet empereur Julien, qu’ils accompagnèrent jusqu’au centre de l’Asie. « Tu m’as vaincu, Nazaréen ! » s’était écrié Julien, frappé de la flèche du Parthe. Et Paris aurait proclamé de nouveau, dans le palais restauré de Julien et dans le Panthéon qui l’avoisine, le retour cyclique des destinées qui rendaient la victoire au divin empereur. — Les vers sibyllins avaient prédit mille fois ces évolutions rénovatrices, depuis le Redeunt Saturnia regna