Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/277

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négligés… Quant à Jupiter, il est trop grand pour se souvenir des outrages. Il suffit de lui consacrer les plantes et les pierres qui lui appartiennent : le chêne et le peuplier, le lys et la jusquiame, l’hyacinthe et le béril. Saturne aime le plomb et l’aimant, et, parmi les herbes, l’asphodèle. Vénus a la violette, la verveine et le polithricon ; son métal est le cuivre ; ses animaux sont le lièvre, le pigeon et le passereau. Quant à Apollon, il a toujours eu, comme on sait, une influence particulière sur le coq, sur l’héliotrope et sur l’or. — Tout se suit ainsi ; il n’est rien dans les trois règnes de la nature qui échappe à l’influence des dieux ; les libations, les consécrations et sacrifices se composent donc d’éléments analogues à l’influence de chaque divinité.

Les divinités placées dans les astres n’agissent pas seulement sur les diverses séries de la création, mais elles président aux destinées par les conjonctions de leurs astres, qui influent sur le sort des hommes et des peuples. — Il serait trop long de suivre l’auteur dans l’explication des et des cycles millénaires qui minent les grandes révolutions d’empires. Toute cette doctrine platonicienne est connue, d’ailleurs, depuis longtemps.

Plusieurs philosophes de cette époque suivirent Quintus Aucler dans cette rénovation des idées de l’école d’Alexandrie. C’est vers la même époque que Dupont (de Nemours) publia sa Philosophie de l’univers, fondée sur les mêmes éléments d’adoration envers les intelligences planétaires.

Il établit de la même manière, entre l’homme et Dieu, une chaîne d’esprits immortels qu’il appelle optimates et avec lesquels tout illuminé peut avoir des communications. C’est toujours la doctrine des dieux ammonéens, des éons ou des éloïms de l’antiquité. L’homme, les bêtes et les plantes ont une monade immortelle, animant tour à tour des corps plus ou moins perfectionnés, d’après une échelle ascendante et descendante, qui matérialise ou déifie les êtres selon leurs mérites. Haller, Bonnet, Leibnitz, Lavater, avaient précédé l’auteur dans ces vagues suppositions. Elles semblaient, du reste, si naturelles alors,