on a vu successivement le comte de Saint-Germain, Mesmer et Cagliostro, développant, dans des causeries inspirées, des idées et des paradoxes, dont l’école dite de Genève hérita plus tard. Je crois bien que M. de Robespierre, le fils du fondateur de la loge écossaise d’Arras, tout jeune encore, peut-être encore plus tard Senancourt, Saint-Martin, Dupont (de Nemours) et Cazotte, vinrent exposer, soit dans ce château, soit dans celui de le Peletier de Mortfontaine, les idées bizarres qui se proposaient les réformes d’une société vieillie, laquelle dans ses modes mêmes, avec cette poudre qui donnait aux plus jeunes fronts un faux air de la vieillesse, indiquait la nécessité d’une complète transformation.
Saint-Germain appartient à une époque antérieure, mais il est venu là. C’est lui qui avait fait voir à Louis XV dans un miroir d’acier son petit-fils sans tête, — comme Nostradamus avait fait voir à Marie de Médicis les rois de sa race, dont le quatrième était également décapité.
Ceci est de l’enfantillage. Ce qui relève les mystiques, c’est le détail rapporté par Beaumarchais (le village de Beaumarchais est situé à une lieue d’Ermenonville, pays de légendes), que les Prussiens, arrivés jusqu’à trente lieues de Paris, se replièrent tout à coup d’une manière inattendue d’après l’effet d’une apparition dont leur roi fut surpris, et qui lui fit dire : « N’allons pas outre ! » comme en certains cas disaient les chevaliers.
Les illuminés français et allemands s’entendaient par des rapports d’affiliation. Les doctrines de Weisshaupt et de Jacob Bœhm avaient pénétré, chez nous, dans les anciens pays francs et bourguignons, par l’antique sympathie et les relations séculaires des races de même origine. Le premier ministre du neveu de Frédéric II était lui-même un illuminé. Beaumarchais suppose qu’à Verdun, sous couleur d’une séance de magnétisme, on fit apparaître devant Frédéric-Guillaume son oncle qui lui aurait dit : « Retourne ! » comme le fit un fantôme à Charles VI.