taurât point l’ancienne cathédrale, Saint-Jean des Vignes, plutôt que l’église lourde où on les occupait. Mais cette dernière est, dit-on, plus logeable. Dans nos époques de foi restreinte, on n’attire plus les fidèles qu’avec l’élégance et le confort.
Les compagnons m’ont indiqué comme chose à voir Saint-Médard, situé à une portée de fusil de la ville, au delà du pont et de la gare de l’Aisne. Les constructions les plus modernes forment l’établissement des sourds-muets. Une surprise m’attendait là. C’était d’abord la tour en partie démolie où Abailard fut prisonnier quelque temps. On montre encore sur les murs des inscriptions latines de sa main ; puis de vastes caveaux déblayés depuis peu, où l’on a retrouvé la tombe de Louis le Débonnaire, formée d’une vaste cuve de pierre qui m’a rappelé les tombeaux égyptiens.
Près de ces caveaux, composés de cellules souterraines avec des niches çà et là comme dans les tombeaux romains, on voit la prison même où cet empereur fut retenu par ses enfants, l’enfoncement où il dormait sur une natte, et autres détails parfaitement conservés, parce que la terre calcaire et les débris de pierres fossiles qui remplissaient ces souterrains les ont préservés de toute humidité. On n’a eu qu’à déblayer, et ce travail dure encore, amenant chaque jour de nouvelles découvertes. C’est un Pompéi carlovingien.
En sortant de Saint-Médard, je me suis un peu égaré sur les bords de l’Aisne, qui coule entre les oseraies rougeâtres et les peupliers dépouillés de feuilles. Il faisait beau, les gazons étaient verts, et, au bout de deux kilomètres, je me suis trouvé dans un village nommé Cuffy, d’où l’on découvrait parfaitement les tours dentelées de la ville et ses toits flamands bordés d’escaliers de pierre.
On se rafraîchit dans ce village avec un petit vin blanc mousseux qui ressemble beaucoup à la tisane de Champagne.
En effet, le terrain est presque le même qu’à Épernay. C’est un filon de la Champagne voisine qui, sur ce coteau exposé au midi, produit des vins rouges et blancs qui ont