alors de bonne heure dans l’église, et, s’y trouvant seul, il courait à la place habituelle de Jeannette, s’y agenouillait, puis s’appuyait aux mêmes endroits qu’elle, baisait la pierre qu’avaient touchée les pieds de la jeune fille et récitait sa prière favorite.
Un jour d’été par un temps de sécheresse, ou manquait d’eau pour arroser le jardin de la cure. L’abbé Thomas dit à Nicolas et à un enfant de chœur nommé Huet :
— Allez chercher de l’eau au puits de M. Rousseau.
Mais il se trouva que ce puits manquait de corde. Que faire ? Huet dit aussitôt qu’il apercevait Mlle Rousseau et allait lui en demander une. Nicolas, tout tremblant, retint Huet par son habit. Lui parler, à elle !… Il frissonnait, non de jalousie, mais de la hardiesse de Huet. Cependant Jeannette, qui avait vu leur embarras, apportait une corde, et, pendant qu’elle aidait Huet à la placer, ses mains touchaient parfois celles du jeune garçon. Nicolas ne lui enviait pas ce bonheur, le contact de ces mains délicates eût été pour lui comme du feu. Il ne put parler ni respirer que lorsque Jeannette se fût éloigné. Cependant, il fit ensuite la réflexion qu’elle ne lui avait pas adressé le parole ainsi qu’à son compagnon, et avait même baissé les yeux en passant près de lui. Se serait-elle aperçue qu’à l’église son regard était toujours fixé sur elle ? Le fait est que, peu de temps après, une dévote nommée Mlle Drouin avertit la gouvernante du curé que Nicolas, pendant le prône, avait toujours les yeux tournés du côté de Mlle Rousseau, Marguerite le redit au jeune homme avec bonté, en assurant que plusieurs personnes avaient fait la même remarque.
V
MARGUERITE
Marguerite Pâris, la gouvernante du curé de Courgis, touchant à la quarantaine ; mais elle était fraîche comme une dévote