Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/128

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la grande-duchesse, avec les décorations spéciales de cette religion. On admire encore, dans les appartements des princes, de fort beaux paysages de M. Heller, dont la teinte brumeuse et mélancolique rappelle les Ruysdaël. Ce sont des paysages de la Norwége, éclairés d’un jour gris et doux, des scènes d’hiver et de naufrages, des contours de rochers majestueux, de beaux mouvements de vagues, une nature qui fait frémir et qui fait rêver.

Je n’ai pas voulu quitter Weimar sans visiter la cathédrale, où se trouve un fort beau tableau de Lucas Cranach, représentant le Christ en croix, pleure par les saintes femmes. En vertu d’une sorte de synchronisme mystique et protestant, le peintre a placé au pied de la croix Luther et Mélanchton discutant un verset de la Bible.

À la Bibliothèque, j’ai pu voir encore trois bustes de Goethe, parmi lesquels se trouve celui de David, puis un buste de Schiller, par Danneker, et des autographes curieux, — notamment un vieux diplôme français, signé Danton et Roland, adressé « au célèbre poëte Gilles, ami de l’humanité. » La prononciation allemande du nom de Schiller a donné lieu, sans doute, à cette erreur bizarre, qui n’infirme en rien, du reste, le mérite d’avoir écrit ce brevet républicain.