Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur que tous les autres : les étiquettes sont très variées et très séduisantes, mais les boîtes ne recèlent que de ce même caporal, autrement nommé chiffonnier. Il n’y a donc point de contrebande à faire, et il faut bien repasser, pur de tout crime, devant les douanes des deux pays.

Mais, pour votre retour, les douaniers vous demandent deux kreutzers (prononcez kritch) ; vous donnez deux sous, et l’on vous rend une charmante petite médaille ornée du portrait du grand-duc de Bade, et représentant la valeur d’un kreutzer. Vous avez donc fait une première fois connaissance avec la monnaie allemande ; puissiez-vous vous en tenir là !

La seconde idée du Parisien, après avoir vu le Rhin et foulé la terre allemande, se formule tout d’abord devant ses yeux quand il se retourne vers la France, car les rocs dentelés du clocher de Strasbourg, comme dit Victor Hugo, n’ont pas un instant quitté l’horizon. Seulement les jambes du voyageur frémissent quand il songe qu’il a bien une lieue à faire en ligne horizontale, mais que du pied de l’église il aura presque une lieue encore en ligne perpendiculaire. À l’aspect d’un clocher pareil, on peut dire que Strasbourg est une ville plus haute que large ; en revanche, ce clocher est le seul qui s’élance de l’uniforme dentelure des toits ; nul autre édifice n’ose même monter plus haut que le premier étage de la cathédrale, dont le vaisseau, surmonté